Publié le : 04 août 20205 mins de lecture

La crise écologique actuelle condamne le Vivant à l’incertitude même de pouvoir être. Cette crise est culturelle, quand elle illustre notre société de « progrès » et de « modernité » incapable de préserver notre mégafaune, nos espaces de vie, nos terroirs, nos paysages, nos cultures humaines et la vraie diversité du monde, nichée dans tous les rameaux de notre biomasse, dont l’existence se compte en milliards d’années et en millions d’espèces.

Considérons la nature pour ce qu’elle est, pas ce que nous voudrions qu’elle soit

Sensibiliser, plus particulièrement, à la protection animale, revêt plusieurs aspects : lutte contre le braconnage, respect de nos animaux d’élevage, réintroduction d’espèces… Le point nodal de notre vision du monde animal, et de la nécessaire protection qu’il convient de lui apporter, est de considérer l’animal – et le Vivant en général – de manière dépassionnée, pour ce qu’il est, et non ce que nous projetons en lui.

Cela revient à abandonner toute vision romantique ou sentimentale de la nature, ni « Dame », ni « Pote », ni « Ennemie », mais simplement un état de fait de tous temps. Cela équivaut également à dire : ne pas concevoir la nature avec utilitarisme, cependant que cette dernière souffre quelques exceptions (par exemple, l’exploitation pharmaceutique de certaines plantes, pour guérir de maladies comme le cancer).

Cela renvoie enfin à une philosophie d’opposition de toute écologie « libérale » Pour résumer, ne prenons pas la nature pour ce qu’elle n’est pas. Et n’infantilisons pas les Français par de faux combats écologistes très éloignées de la conception de cette même nature.

Protection du Vivant, oui, muséification… jamais !

Il y a, dans la vision écologiste des choses, un fantasme à dessein, celui des réfugiés climatiques entraînant – et justifiant moralement – l’immigration de masse dans les décennies à venir. Voilà, à l’usage des puissants contre les Nations qui par esprit de déclin abandonnent le politique, France en tête, un motif imparable, qui taxe celui qui le conteste de raciste sans compassion.

Il y a aussi, dans la vision patriote des choses et le cœur déchiré des amoureux de la Nature, l’urgence de la préservation d’un certain nombre d’espèces. La folie d’une minorité, par la déforestation extensive, la pollution des côtes, le braconnage et même les guerres appuyées par l’appétit financier de quelques-uns et l’appétit de pouvoir de quelques-autres, condamnent une grande partie du Vivant à l’extinction prochaine.

Quelle ironie, mais plus sérieusement, quelle misère que de vivre dans un monde où certaines espèces, sitôt découvertes, sont déclarées dans l’instant comme en voie d’extinction.

Qui, parmi les écologistes français « officiels », pour s’indigner, y compris sur place, de la quasi-extinction des dauphins de Mékong, du cougar, du rhinocéros de Sumatra, du hocco mitou, du grand rorqual et de centaines d’autres espèces ? Qui, pour défendre à deux pas de chez soi, en France, le milan royal, le lézard d’Aurelio, l’apron du Rhône, le damier du frêne ?

Qui pour s’indigner du sort de dizaines d’autres espèces classées en Liste rouge nationale des espèces menacées : en métropole, 9 % des mammifères, 17 % des orchidées, 21 % des amphibiens, 22 % des poissons d’eau douce, 27 % des oiseaux nicheurs, 28 % des crustacés d’eau douce ?

Ces espèces, comme ces préoccupations, n’occupent pas même une ligne du dernier programme écologiste présidentiel en date. Elles y étaient pourtant légitimement attendues.