Publié le : 04 août 20208 mins de lecture

Sortir la France de la PAC

Une collectif veut libérer la France de l’emprise de la politique agricole commune (PAC). Nous jugeons que la PAC tue notre agriculture … et jusqu’à nos agriculteurs, premiers concernés par la tentation voire le choix du suicide, un constat qui en dit long sur la capitulation de nos gouvernants quant à la nécessité de rester une grande puissance agricole parmi les Nations. Dans un monde où s’accroissent la population (7 milliards d’habitants en 2011, 10 milliards attendus en 2050) et des déséquilibres alimentaires inhérents, l’agriculture devient plus que jamais dans l’histoire de l’Humanité un secteur stratégique vital pour l’indépendance des Nations. Les choix faits par la France en matière agricole peuvent donc, de manière radicale, lui coûter cher ou lui rapporter cher. En l’espèce, ils lui coûtent, et il ne s’agit d’ailleurs pas de « choix », piégée qu’est la France dans la PAC, par la volonté de l’Union européenne.

Et pourtant, la France dispose d’atouts agricoles très précieux : un savoir-faire humain millénaire, la variété de ses ressources naturelles, des sols de qualité, la qualité de ses produits, et leur sécurité. Mais en l’état, si la France demeure encore forte de son agriculture en étant désormais inféodée, depuis des décennies, aux intérêts de l’Union européenne, elle produit pour les autres, non plus pour elle-même, produisant plus pour toutefois produire moins bien.

Par ailleurs, le mode d’agriculture « choisi » par la France déterminant, trivialement, ce qui arrive dans ses assiettes, nous ne gagnons rien à persévérer dans les logiques productivistes de la PAC, qui baisse mécaniquement la qualité des produits pour augmenter toujours plus la quantité des rendements.

Ce qu’une collectif défend, c’est avant tout l’agriculture paysanne, à l’échelle de l’homme, des hommes qui sont d’ailleurs dans leur immense majorité de grands patriotes. Promouvoir les producteurs locaux, défendre leurs intérêts dès aujourd’hui, c’est garantir demain la transparence de leurs produits, au-delà de leur seule qualité. La PAC est-elle garante, à l’heure actuelle, de cette même transparence ? Chiche ! Elle n’a pas pu grand-chose à l’heure du scandale des « lasagnes de cheval », en février 2013. Et la PAC ne nous protège en rien du lobbying agressif et constant à l’égard des institutions européennes, en faveur des organismes génétiquement modifiés dans nos champs, donc dans nos assiettes. Elle n’est pas davantage un rempart contre les dérives, sur le plan agricole, du Traité de libre-échange transatlantique à venir dans le mépris total de la souveraineté des peuples, annonciatrices du moins-disant sanitaire.

La PAC néglige totalement l’agronomie. Or, la vie des sols est le capital naturel de l’Europe. Au lieu d’aller dans l’usage toujours plus massif d’engrais chimiques, réintrodruisons des légumineuses, comme la luzerne, les pois ou le soja, dans les rotations de cultures : ces plantes fixent très correctement l’azote de l’air jusque dans le sol. Leur rôle d’engrais naturel est donc à la fois scientifiquement avéré, mais totalement sous-estimé. De même, ces plantes produisent des protéines végétales extrêmement utiles pour l’alimentation animale. Encore une fois, mieux vaut sortir du dogme, prendre en compte objectivement ces critères et en revenir à une agriculture de production locale. Pas besoin, par exemple, d’importer du Brésil du soja… OGM qui plus est, pour répondre à ce besoin.

Enfin, l’agriculture est totalement indissociable des paysans qui la font au quotidien, fort loin d’ailleurs de l’attention médiatique. L’accès au métier et, par là même, l’accès à la terre, demeurent des enjeux à ne pas négliger, et si l’on souhaite maintenir l’emploi, les services publics comme la vie en général dans les campagnes françaises, le soutien à l’installation de nouveaux paysans demeure indispensable.

Une filière d’avenir : l’agriculture biologique

La collectif veut la mise en place d’un modèle d’agriculture qui respecte les Français et leur terre. L’agriculture biologique en fait naturellement partie. Il paraît important de se fixer un objectif plus ambitieux relativement à l’agriculture biologique en France, qui plafonne en 2013 à 5 % de production biologique. Visons, à l’horizon 2030, les 15 % pour conserver l’excellence. À cet effet, songeons par exemple que certains pays plus petits, comme l’Autriche, nous dépassent déjà en terme de production biologique. Il y a là un vrai problème.

De plus, le cahier des charges de l’agriculture biologique est parfaitement écologiste. En effet, il comprend le refus des pesticides chimiques, la préservation de la biodiversité et le lien recouvré de l’homme à la terre qu’il cultive, donc, qu’il aime. En tant que consommateurs, adopter les produits issus de l’agriculture biologique du fait de leur qualité, c’est aussi ne pas renforcer indûment les grands groupes industriels et leurs monopoles. Préparer, une fois au pouvoir, l’avenir du bio revient donc aussi, à nous libérer un peu plus.

La France, en guide des Nations agricoles, doit pouvoir demain soutenir les démarches des paysans souhaitant aller plus loin dans les cahiers des charges qualitatifs de l’agriculture biologique. Gardons toujours à l’esprit que cette forme d’agriculture ne correspond pas simplement à la production d’une alimentation saine, elle incarne également un respect de ceux qui la font.

Promouvoir les semences paysannes

Le marché mondial des semences est contrôlé à 75 % par une dizaine d’entreprises multinationales. Pour autant, dans ce modèle qui s’uniformise à l’échelle planétaire, et concerne donc la France, quelques rares paysans font le choix de la résistance. Ces patriotes des semences, qui par exemple cultivent des variétés adaptés à leur terroir et leur climat, et non pas un dogme européen, doivent être encouragés. Soyez leur reconnaissant, de même, de ne pas user et abuser d’engrais chimiques pour leurs céréales et légumes.

Frapper d’interdiction les OGM en France

La France doit redevenir un pays sans OGM. Interdire les quelques OGM autorisés en France ne suffit pas. En effet, à l’instar du soja dans l’alimentation animale, de nombreux OGM sont importés du reste du monde, venus de pays moins sourcilleux relativement aux OGM et ses dangers potentiels. Nous, Français, avons le droit de choisir, et en l’occurrence, de choisir de ne pas nous soumettre aux OGM des autres, qui prennent une place croissance dans notre chaîne alimentaire. Un moratoire ferme et global doit en conséquence être adopté en France.